1 septembre 2017 Jour 41
Vincent espérait que je reste quelques jours de plus pour guérir mes plaies, mais je ne pouvais pas m'arrêter plus longtemps. J'avais envie d'avancer et d'arriver à mon but.
Nous nous sommes quittés dans le brouillard matinal avec quelques larmes dans les yeux.
Je suis arrivée à l'Abbaye de Notre-Dame de Ganagobie pendant la messe et je l'ai suivie pendant quelque temps. Ensuite j'ai continué mon chemin vers Château-Val-Saint-Donat. Vincent m'a donné le numéro de quelqu'un qui pouvait m'y loger. J'ai appelé René, qui tenait un gîte, mais malheureusement il était complet. J'ai donc continué de marcher jusqu'à une église en ruine.
Une ambiance assez particulière régnait dans ce lieu. Les murs en pierre résistaient encore au temps alors le toit avait disparu depuis longtemps. À l'entrée, un carillon à vent diffusait un son envoûtant. Au fond de l'église se trouvait un autel en pierre derrière lequel on pouvait lire :
HUMILITE
J'ai
confiance
en vous
Je n'ai pas pu installer ma tente à cet endroit, quelque chose m'en empêchait et je ne savais pas me l'expliquer. Je suis allée au-delà des ruines d'un château.
Le temps change, je le vois et le ressens. Je vois la nature se métamorphoser. Les feuilles deviennent orangées et le matin il fait de plus en plus frais. Jusque-là je n'avais pas eu de condensation sous la tente, mais depuis quelques jours cela devient fréquent.
Ce soir j'ai eu un coup de fil vraiment inattendu...
Un oncle éloigné m’appelait pour prendre des nouvelles car il était de passage en France. Manque de bol je ne pouvais le rencontrer. Je lui ai raconté mon périple et sa stupéfaction fut très grande. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi je suis en train de marcher. J'ai prononcé les mots « projet artistique », mais ces mots n'ont pas la même signification dans mon pays d'origine. Alors cela fut encore plus confus et difficile à expliquer. Il a conclu en disant que je n'avais pas toute ma tête et que la PLACE de la FEMME est à côté de son homme. Je devrais me contenter de faire à manger et à bien m'occuper de mon mari sinon on me quittera.
Cela sonnait comme un coup de tonnerre dans ma tête … Je me suis rappelé pourquoi j'ai quitté mon pays, sans doute parce que je n'arrivais pas à rentrer dans le moule de la femme telle qu'elle doit être selon nos us et coutumes...
N 44°05.802'
E 005°57.787'
623m
Lors de mon intervention au Collège de la Tour à Montguyon auprès les classes 3A et 3B, les élèves de la classe d'anglais dirigée par l’enseignante Laurine Lécutier-Matarin ont travaillé sur la traduction des textes de mon carnet de marche. Je remercie les élèves d'avoir joué le jeux jusqu'au bout et de leur persévérance en matière de traduction malgré les difficultés.
1 September 2017
Day 41
Vincent hoped I would stay longer to treat my wounds, but I couldn’t stop any longer. I wanted to keep walking and reach my goal.
We left each other in the morning fog with a few tears in our eyes.
I arrived at the abbey of Notre-Dame de Ganagobie during the mass and I listened to it for a while. Then I walked to Château-Val-Saint-Donat. Vincent gave me the phone number of someone who could let me stay at his place. I called René, who had a holiday cottage, but sadly it was full. So I kept on walking until I reached a church in ruins.
There was an odd atmoshpere in this place. The stone walls were still resisting time while the roof had been gone for a long time. At the entrance, a wind bell was making a captivating sound. At the end of the church there was an altar that said :
HUMILITY
I
trust
you
I couldn’t pitch my tent there, something was preventing me from doing it and I couldn't explain it. I went past the castle’s ruins.
The weather is changing, I can see it and feel it. I can see nature changing. Leaves are turning orangy and mornings are colder and colder. Until then there hadn't been any condensation in my tent, but for the last few days there has regularly been some.
This evening I got an unexpected call…
A distant uncle was calling me to have some news from me because he was in France. Unfortunately I couldn't meet him. I told him my adventure and he was stunned. He couldn't understand why I was walking. I pronounced the words « artistic project » but these words don't mean the same in my mother country, so it was even more confusing for him and difficult to explain. He concluded saying I was losing my marbles and that the role of a WOMAN was to be by her man's side. I just had to cook for him and take care of him or he would leave me.
All this was like thunder in my head... I remembered why I had left my mother country, probably because I couldn't conform this type of woman...
Traduction par Lucas