La fenêtre, la vitesse, le paysage qui fuit nourrissent mes réflexions sur l'expérience d'un territoire. J'ai une pratique quasi quotidienne de photographie des paysages traversés lors de mes déplacements. Ces images sont archivées, laissées se déposer dans ma mémoire jusqu'à ce qu'un événement me pousse à en retrouver une en particulier. Sublimée par l'imperfection de la mémoire je tente à construire par la peinture une image qui n'existe pas en réalité et qui pourrait être la superposition de plusieurs images.
J'interroge la relation visuelle, trouble, qui se crée par superposition de plans et de surfaces (in)visibles dans la peinture. Le paysage, en s’altérant, acquiert une dimension incertaine. Plusieurs rapports se créent entre le paysage et son parergon: paysage/fenêtre, paysage/écran, paysage/reflet ou encore paysage/flou.
La fenêtre m'a amené vers l'écran-vitre, surface invisible qui s’interpose entre le regard et le paysage. Cette position liminaire devient le lieu même de la peinture. La présence de ces espaces interstitiels, infiniment continus et indistincts devient difficile à appréhender. Ils nous enveloppent et nous débordent en même temps. Ce que je cherche n'est pas de l'ordre de la représentation des choses, mais plutôt la compréhension de la consistance de leur présence. Une présence qui m’échappe.