Au fil des jours
Le chemin de la Liberté
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Jour 7
17 juillet 2021
Aujourd'hui c'est mon septième jour de marche et à ma grande surprise il a fait beau toute la journée. C'est la première fois depuis que j'ai commencé à marcher que je n'ai pas sorti ma veste de pluie de toute la journée.
Dès que je suis sortie de Belfort mon GPS a commencé à m'envoyer sur des chemins qui n'existent plus....Premier détour, j'arrive à emprunter une route mais après 2-3 kilomètres je ne pouvais plus contourner alors il a fallu rentrer dans le vif du sujet, la boue! Passage par une petite forêt avec une clairière où les vaches vaquaient à leurs occupations. De la boue... bien sûr ! Beaucoup de boue!
J'essayais de me rendre légère pour ne pas m'enfoncer trop profondément...mais, avec mon sac-à-dos lourd c'était comme laisser une vache imiter une sauterelle... Je vous laisse imaginer la scène...
Il fallait choisir entre les ronces et la boue, du coup j'en ai jusqu'au cou.
Par endroits j'emprunte les chemins de Saint Jacques, je croise même un jeune couple. Tous les deux avaient tous les atribus pour ne pas les confondre avec les autres marcheurs: la coquille de Saint Jacques ; le bourdon; le même chapeau à larges bordures; short en lin. Il étaient beaux à regarder, ils avançaient main dans la main. Je regrette de ne pas les avoir pris en photo. Il y a plusieurs façons de se tenir par la main, chaque façons à son interprétation. Ici le message qui s'en dégageait était: Ensemble, on va y arriver. Je suis émue, je pense à ma petite famille, mon fils me manque beaucoup. J'ai qu'une seule envie, le retrouver et de le serrer fort contre moi. Je me raccroche à l'idée que je le retrouverai bientôt et que pour le moment il fallait avancer.
À la lisière de la forêt je me suis arrêtée net. Quelle surprise ! Un lièvre faisait sa toilette au bord du chemin, quand je l'ai aperçu il était à 1 mètres de moi. Tous les deux surpris de cette rencontre. Il m'a regardé avec des gros yeux, moi j'ai juste eu le temps de dire "Hey Coucou!", et il a bondi vite se cacher. J'aurais dû me taire...
Pour pimenter ma journée j'ai perdu mon chemin une énième fois, cette fois-ci en me retrouvant devant des fils barbelés alors que je devais traverser les champs par un petit chemin d'aprèsmon gps.
J'hésite à passer par-dessus. Je cherche une autre solution, mais je suis finalement obligée de passer par-dessus. Je monte sur le fil du bas tout en portant mon sac-à-dos, je retiens avec une main les deux fils d'en haut pour qu'ils ne me lancèrent pas les jambes, avec l'autre je me tiens au poteau en bois...j'arrive à passer de l'autre côté! ...sauf que, à ma grande surprise, ce nétait pas fini.... il fallait à nouveau passer par-dessus d'autres fils de barbelés, de l'autre côté du champs. Cet fois-ci les fils étaient beaucoup plus haut et il y avait plusieurs fils barbelés... j'essayai de trouver le meilleur endroit de passage, de préférence sans orties... J'avais l'impression d'être une vache dans son enclos qui cherche à s'échapper, je comprends mieux ce qu'elles ressentent...les pauvres.
C'était trop haut, avec le sac je suis trop lourde pour grimper, alors j'essaye de faire passer mon sac d'abord sans le mettre en lambeaux. Je grimpe sur le grillage en retenant avec ma main les barbelés. Ça y est! Mais je me retrouve dans un champ avec des plantes aussi hautes que moi... J'ai mis un long moment pour m'en sortir de tout ça. En plus, au-dessous de ma tête, très haut dans le ciel, un couple de Milans noirs tournait en rond tout en émettant leurs cris aigus et légèrement saccadés. Il y avait une ambiance légèrement inquiétante à cet endroit...
Je m'en sors plutôt bien cette fois-ci, avec juste quelques égratignures.
En passant par un petit village je vois enfin des cigognes, le symbole de l'Alsace. Dans ma photo on voit l'un des deux parents avec un cigogneau. J'aime bien cet oiseau migrateur, en Moldavie il en existe une belle légende:
La légende raconte que du temps d'Étienne le Grand (Ștefan cel Mare) une grande armée de tatars avait assiégé la forteresse Cetatea Soroca pendant plusieurs mois. En attendant les renforts, on commençait à manquer de vivres à l'intérieur de la forteresse, et à perdre l'espoir. Quand tout à coup, par-dessus la forteresse, ont fait l'apparition les cigognes portant dans leurs becs des grappe de raisin et les lâchant à l'intérieur de la forteresse. Grâce à cette aide on a pu retrouver l'énergie et tenir les troupes tatares en-dehors des murs. Les cigognes ont fait échouer les plans des tatars et les troupes d'Étienne le Grand étaient arrivées juste à temps pour prêter main forte.
Depuis la cigogne blanche est considérée comme symbole de l'unité. Elle est devenue l'emblème du vin Moldave qui continue de conter cette belle légende au-delà des frontières du pays.
En fin de l'après-midi je suis passée en Alsace et cette nuit je vais pouvoir dormir sous la tente car il fait beau ! D'habitude je m'installe loin des habitations, mais le sol de la forêt est gorgée d'eau... je préfère installer ma tente à côté d'une aire de jeux, l'endroit est bien plat avec une belle herbe. J'ai l'église juste en face, et j'ai des bans et une table ici. L'endroit me semble parfait.