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Au fil des jours
Le chemin de la Liberté
...
Jour 6
16 juillet 2021

Après une journée off, me voilà partie ce matin de Montbéliard... La journée s'annonce pluvieuse, mais je garde espoir que ce soit que des averses de courte durée.
Tout d'abord il fallait sortir de la ville alors au début je suis passée par des quartiers sympathique avec des jolies maisons et jardins fleuris. Au fur et à mesure de mon avancement les jolies maisons ont laissé place à des quartiers hlm, les murs sont gris et les fleurs ont disparu. De temps en temps mon regard croise des balcons fleuris et mes yeux sont de suite attirés par ces couleurs qui égayent l'atmosphère.

Sur mon chemin j'ai croisé quelqu'un qui m'a demandé si j'allais faire du ski avec mes bâtons...
Soit je ressemble à une skieuse (ce que j'en doute fort), soit c'est un plan drague foireux... ça m'a fait bien rire!
À la sortie de la ville je suis rentrée dans la forêt communale de grand Charmont. Il fait frais et le chemin est agréable. Une averse courte me rappelle à la vigilance.

Au détour d'un chemin je me retrouve sur un terrain militaire. Quand je vois le panneau de mise en garde je prends peur... J'essaye de me calmer en me disant qu'il était midi et que certainement tout le monde était en train de manger. Je n'entends pas non plus de bruits de tirs de balles,  et puis j'ai mon protège sac-à-dos orange, donc je suis assez visible. Je ne suis pas sûre de mon raisonnement,  j'hésite, mais je n'ai pas le courage de contourner. Je repère sur la carte ce qui semble être le stand de tir et je m'éloigne le plus possible pour ne pas m'attirer des ennuis.
Le chemin que je prends pour contourner la zone de danger disparaît et j'essaie de me frayer mon propre chemin à travers la forêt. Par moment je traverse des chemins d'entraînement militaire,  c'est plein de boue, je glisse, mais je n'ai pas le choix, je plonge dedans en m'accrochant à mes bâtons.
J'arrive à sortir de la forêt en retrouvant un autre chemin boueux qui m'amène à travers les champs. Le soleil apparaît pour égayer l'atmosphère.
Mon objectif de la journée c'est d'arriver à Belfort afin de trouver une chambre à l'abri de la pluie pour la nuit.
Après le passage dans la forêt je traverse les villages de Dorans et Botans. Mon œil est attiré par une maison très fleurie, son propriétaire est en train de nettoyer les dalles au tuyau d'arrosage. Je m'arrête pour admirer les belles couleurs avant de partager mon admiration avec le propriétaire. Le monsieur m'a expliqué qu'il en était fier et que ça lui avait fait gagner un concours dans le village. Enfin je crois qu'il m'a dit cela, car par moment j'avais du mal à comprendre son accent. Les mots étaient mâchés et le débit de parole très très rapide. C'est la première fois qu'il m'arrive d'avoir l'impression de ne plus savoir parler français. C'est une drôle de sensation.

Plus loin je m'arrête pour regarder les voitures qui passent à grande vitesse pour disparaître sous le pont de l'autoroute. J'aime bien ces lieux de passage,  ici je ressens de manière décuplée le contraste entre la vitesse et la lenteur. Ici je me sens libre de ralentir et de prendre mon temps sans qu'on me fasse des appels de phares. Ici c'est moi qui décide de mon rythme ! Et la météo aussi...
Je me remets en marche, le nuage au dessus de moi gronde fort et une pluie dense commence à tomber. Elle ne dure qu'une quinzaine de minutes, mais cela suffit pour mouiller mes pieds.
Je traverse un village et sur mon chemin je passe par un petit pont fleuris par-dessus un petit ruisseau "La Douce", le nom me plaît bien et je décide d'y rajouter Liberté. La Douce Liberté.

Après une courte pause sur un banc où j'ai pu manger mon sandwich improvisé j'ai continué mon chemin à travers la forêt. Je retrouve les belles flaques d'eau sur mon chemin et je ne peux pas m'empêcher de penser aux paysages d'Alekseï Savrassov ou ceux de Ivan Ivanovich Shishkin.

J'arrive enfin à Belfort, il est 15h. Je suis assez fière de moi, car aujourd'hui j'ai fait plus de 20km en une demi-journée,  et les jours précédents je suis arrivée à dépasser les 30 km. Mon corps retrouve petit à petit mon rythme d'avant.

Je décide de visiter la ville avant d'aller à l'hôtel. En traversant la rivière "La Savoureuse" j'ai vu un couple de pigeons se bécoter. Mon cœur en guimauve fut attendri par cette vision. Je savoure le moment en les regardant.
En passant par le parc j'ai fait un tour pour déposer une graine de Liberté sur la plaque commémorative:
À NOS CAMARADES
DE DÉPORTATION
MORTS
POUR QUE LA FRANCE
VIVE LIBRE

Je monte à la citadelle de Belfort pour voir la ville de haut, mais également pour saluer le lion colossale de Bartholdi. J'admire cette sculpture impressionnante quand,  en relevant mes yeux vers le ciel, je remarque des militaires en plein exercice de désescalade du mur de la citadelle avec leurs gros sac-à-dos. Je les pleins car depuis le passage de l'averse le soleil tape sans pitié.

Après avoir quitté mon sac-à-dos à l'hôtel je suis allée faire quelques petites courses pour les jours suivants. Je vais au magasin alimentaire le plus proche  "Le Saphir" et à ma surprise je me sens complètement dépaysée. Il n'y a quasiment aucun produit typique des supermarchés français. Tout est écrit en turque, arabe, et autre, sauf en français. Je m'aventure dans les rayons avec des yeux pleins de curiosité. En sortant du magasin j'ai l'impression d'avoir fait un voyage autour du monde.
Il est temps de rentrer, demain une longue journée m'attend.

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